M. Kiener: Dictionnaire des professeurs

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Titel
Dictionnaire des professeurs de l’Académie de Lausanne (1537-1890).


Autor(en)
Kiener, Marc
Reihe
Etudes et documents pour servir à l'histoire de l'Université de Lausanne XXXVII
Erschienen
Lausanne 2005: Université de Lausanne
Anzahl Seiten
689 S.
Preis
ISBN
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Anne-Françoise Schaller-Jeanneret

Le Dictionnaire des professeurs de l’Académie de Lausanne complète le Dictionnaire des professeurs de l’Université de Lausanne entrepris à l’occasion des 450 ans de la fondation de l’Académie. Etude considérable qui couvre plus de 350 ans, ce nouvel ouvrage présente, sous forme de notices classées par ordre alphabétique, les biographies de tous les professeurs. Notons qu’une enquête similaire a été menée, il y a quelques années, pour les membres du corps enseignant de Neuchâtel; néanmoins, les renseignements collectés n’ont pas été publiés sous la forme d’un dictionnaire, mais intégrés à l’histoire de nos facultés.

Ce Dictionnaire lausannois se présente comme un instrument de travail, une base pour une véritable étude sociale d’une élite intellectuelle. Son auteur ne prétend pas tirer de conclusions définitives, mais plutôt proposer des pistes, et quelques indications intéressantes qui nous font espérer une suite à cette publication. Ainsi, si les premiers maîtres sont des théologiens, le corps enseignant tisse progressivement des liens avec le monde de la finance, de l’industrie et de la politique. Au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle se constitue un corps de professeurs autochtones, issus, dans leur majorité, des familles patriciennes de Lausanne.

L’introduction rappelle les étapes principales de l’histoire de l’institution, «la plus ancienne Académie réformée du monde», créée par les autorités bernoises après l’Edit de Réformation de décembre 1536, pour assurer la formation des pasteurs de l’Eglise réformée vaudoise. Différents organigrammes placés en annexe permettent de mieux comprendre l’évolution des structures académiques, au fil des réorganisations. Les facultés, par exemple, n’apparaissent qu’en 1837. D’autres tableaux présentent la distribution des chaires et du personnel enseignant. Il faut souligner que la longueur de la période prise en considération a compliqué le travail: les changements rendent les comparaisons difficiles ; les sources présentent des lacunes; les renseignements manquent pendant la période bernoise; l’Académie a compté beaucoup d’étrangers, surtout des réfugiés français; les dossiers personnels des professeurs se révèlent parfois inexistants...

Les notices, agrémentées dans la mesure du possible d’un portrait, renseignent d’abord sur l’état-civil: nom complet, dates et lieux de naissance et de décès, origine géographique et sociale. La famille est reconstituée sur quatre générations; des grands-parents des professeurs à leurs enfants. L’exhaustivité est bien sûr impossible, mais on entrevoit la constitution de véritables «clans» qui se transmettent les charges sur plusieurs générations.

Suivent le cursus scolaire, les diplômes et les sujets de thèse de doctorat. La recherche effectuée sur les fonctions et les carrières avant, pendant et après l’Académie suscite notre curiosité de Neuchâtelois: quels liens existaient entre cette élite académique vaudoise et la nôtre? Apparemment, très peu. Au XVIe siècle, quelques théologiens sont passés par Neuchâtel avant d’aller enseigner à Lausanne: c’est le cas de Pierre Viret et de Mathurin Cordier, directeur des écoles neuchâteloises entre 1539 et 1545. Rares sont les étudiants neuchâtelois qui ont fait carrière à Lausanne. Peu de professeurs ont travaillé simultanément ou successivement dans les deux établissements: il faut signaler, parmi eux, le célèbre Agassiz avant de partir pour l’Amérique; Henri Hollard, qui le rejoignit en 1845 pour donner l’anatomie comparée à la première Académie; Adolphe-Wilhelm Neumann (chaire de philologie grecque et latine à la seconde Académie) qui a donné des cours libres à Lausanne; Juste Olivier, historien, et Alfred Gilliéron, professeur de grec, qui ont inversement commencé leur carrière au Gymnase de Neuchâtel.

Les remarques biographiques amènent parfois d’autres précisions, anecdotiques mais plus vivantes, qui permettent de sortir du cadre rigide des notices. Ainsi, le professeur Jean Steck (1582-1628), jurisconsulte, défendit si bien les droits des Neuchâtelois contre le duc de Longueville qu’il fut emprisonné et menacé de mort, puis sauvé par les Bernois. On apprend aussi qu’Abram Clavel (1717-1771), professeur de droit, consulté par Frédéric II de Prusse dans le cadre de l’affaire Gaudot et rédacteur d’un code de lois inachevé pour la Principauté, fut affublé des surnoms de casseur de raquettes, horrible cyclope, monoculus et mouchard le borgne...

L’auteur s’est efforcé de mettre en évidence les réseaux scientifiques (synodes, cercles, sociétés savantes ou d’étudiants, commissions d’experts, congrès, comités éditoriaux de revues...). La mention des distinctions ainsi qu’une liste bibliographique des publications complètent les notices.

Une vingtaine d’illustrations, des graphiques des effectifs étudiants et un glossaire agrémentent l’ouvrage.

En conclusion, le Dictionnaire des professeurs de l’Académie de Lausanne mérite d’être salué pour sa rigueur et sa clarté. Il n’est certes pas destiné à une lecture immédiate, mais permettra, à n’en point douter, d’autres recherches pour une étude sociologique dont nous nous réjouissons de lire les conclusions.

Zitierweise:
Anne-Françoise Schaller-Jeanneret: Compte rendu de: Marc KIENER, Dictionnaire des professeurs de l’Académie de Lausanne (1537-1890), Lausanne, Université de Lausanne, 2005, 689 p. Première publication dans: Revue historique neuchâteloise, année 143-3, 2005, p. 215-216.

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